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          À Montmorency, c’est la fête à Rousseau

           À Montmorency, c’est la fête à Rousseau

          À l’occasion du tricentenaire de la naissance de Rousseau, le 28 juin, la France célèbre l’un des plus célèbres philosophes des Lumières. À commencer par la ville de Montmorency (Val d’Oise), dont l’auteur des 'Confessions' fut l’illustre résident. Visite intra muros.

           

          On ne compte plus les manifestations qui rendent hommage à Rousseau cette année, entre les pique-niques républicains en Rhône-Alpes, les parcours à Chambéry ou l'exposition présentée au Panthéon. Mais aucune ne revêt l’importance donnée à celles de Montmorency, qui accueillit le philosophe de 1757 à 1762 : en plus d’avoir fait l’honneur de sa présence à la ville, il y a aussi rédigé trois de ses plus grandes œuvres, La Nouvelle Héloïse, Du contrat social et Emile ou de l’éducation. Après des travaux de rénovation et l’obtention du label « Maison des illustres » en 2011, la maison Jean-Jacques Rousseau, transformée en musée il y a 60 ans, est à nouveau ouverte au public.

           

           

          « Votez Rousseau 2012 ! »

          © Amand BerteigneVue depuis le jardin du musée Rousseau, © Amand BerteigneUne coupe de champagne à la main, les visiteurs attendent patiemment le discours du maire. Parmi eux, des adultes mais aussi des étudiants : le jardin du musée Rousseau est plein à craquer vendredi 8 juin, pour la réouverture du musée et l’inauguration de l’exposition « Rousseau, passionnément », qui s’y tient jusqu’au 9 décembre prochain. Ici, l’écrivain est la star locale. Tout sourire, l’édile de Montmorency, François Detton, accueille les derniers arrivants à l’entrée de la propriété, tandis que des bénévoles continuent à distribuer des brochures - « Votez Rousseau 2012 ! » plaisante l’une d’entre eux. Tout célèbre l’auteur des Confessions, jusqu’aux lampadaires de rue auxquels sont suspendues des bannières de citations : « L’homme est né libre, et cependant partout il est dans les fers », lit-on sur celle de l’avenue… Jean-Jacques Rousseau, à quelques mètres du musée. Le projet Rousseau 2012, en collaboration avec le centre culturel de Genève, est incontournable tant par le personnage historique, que par les échos contemporains de ses combats : liberté, égalité entre les hommes, amour de la nature. Nul doute qu’aujourd’hui, il serait député de sa circonscription.

           
          C’est la faute à Voltaire

          © Amand BerteigneSalle de l'exposition au musée Rousseau, © Amand Berteigne« Nous avons tous une relation particulière avec Rousseau », affirme Chantal Mustel, la conservatrice du musée. Cherchez bien : vous sentez-vous une âme de solitaire, amant éconduit, juriste, mélomane ? Dans le pire des cas, même le lycéen qui n’a fait qu’étudier l’autobiographie, thème au programme du bac de français, peut se trouver un lien avec le Genevois. C’est pourquoi l’exposition « Rousseau, passionnément » aborde l’homme selon quatre « passions » générales. La politique pour commencer nous replonge dans les cours d’éducation dispensés à Emile et Sophie (attention mesdames, Jean-Jacques est un sexiste), suivie des passions haineuses et cruelles, qui évoquent les rapports houleux de Rousseau avec le clan des encyclopédistes, notamment avec d’Alembert ou son ennemi juré, Voltaire. Ce dernier avait accusé Rousseau, dans Le Sentiment des citoyens, d’avoir abandonné ses enfants. Bien lui en prit, puisque le coupable répondit avec les Confessions, livre incontournable de la culture française. « Dire qu’ils sont enterrés face-à-face au Panthéon ! », s’amuse une femme, absorbée par la lecture des copies et manuscrits sous vitrine. 

           
          Rêveries, herbiers et plus si affinités

          © L. JuillardHerbier pour Melle Delessert, © L. JuillardDans la même salle de l’exposition, une facette moins connue est présentée, celle de l’homme féru de musique et de botanique. La preuve avec des copies de partition, de l’œuvre pastorale Le Devin du village et surtout des nombreux herbiers réalisés pour l’enseignement de Mademoiselle Delessert, fille de l’une de ses amies. À moins d’être aussi un passionné de la flore naturelle, on s’attache davantage à la vitrine consacrée aux amours rousseauistes : sa sage épouse, la lingère Thérèse, la femme mariée et indifférente, Sophie d’Houdetot, les prostituées et bien sûr Mme de Warens, qu’il appelait Maman, sont autant de noms qui dessinent les contours romanesques de celui qui connut bien des déceptions amoureuses. Là encore, le hasard fait bien les choses, puisqu’il tira de l’une d’elles son chef-d’œuvre, Julie ou la Nouvelle Héloïse. La copie autographe du roman, qui a appartenu à la maréchale de Luxembourg, a été exceptionnellement prêtée par la bibliothèque de l’Assemblée nationale.

           
          JJR héros numérique

          © Amand BerteigneTable de travail de Rousseau, © Amand BerteigneBien documentée, (trop) courte, l’exposition vaut aussi pour l’endroit où elle se trouve. Il serait dommage de sortir du musée sans avoir visité la partie correspondant à l’ancienne maison de Rousseau. Elle permet ainsi de prolonger la visite. Cuisine reconstituée avec son mobilier, chambre de Thérèse et chambre du philosophe, avec table de travail et sa plume à encre. Même Patrick Cazals, réalisateur du documentaire Le manteau arménien de Jean-Jacques Rousseau, contemple d’un air grave ces lieux où un grand homme a autrefois vécu. Retour au rez-de-chaussée et au XXIe siècle, où des bornes interactives numériques proposent de feuilleter les œuvres exposées dans leur intégralité. On touche du doigt les pages du Discours sur l’origine de l’inégalité. Certes, pas le plus palpitant de ses livres, mais le penseur nous a pourtant prévenu dans Émile ou  De l’éducation : « qui croit devoir fermer les yeux sur quelque chose se voit bientôt forcé de les fermer sur tout. »  

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