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          Adieu Sylvia Kristel, Goodbye Emmanuelle

          Adieu Sylvia Kristel, Goodbye Emmanuelle

          Elle était le symbole de toute une génération. Sylvia Kristel, figure de l’érotisme des seventies à travers son rôle d’Emmanuelle, est décédée à 60 ans des suites d’un long cancer. Retour sur sa carrière en images.

           

          « Sylvia Krystel est morte. L'Emmanuelle de ma jeunesse. Je vais sortir un mouchoir. Pour les yeux cette fois hélas… » Ce mot du médecin et journaliste Jean-Daniel Flaysakier sur Twitter, aussi graveleux soit-il, évoque en effet toute une époque que les moins de 50 ans ne peuvent pas connaître. Sur un scénario de Jean-Louis Richard d'après le roman éponyme d'Emmanuelle Arsan, Sylvia Kristel, Néerlandaise de 21 ans, est apparue sur grand écran en juin 1974. En pleine libération sexuelle,  le film réalisé par celui qui n’était alors qu’un jeune photographe de charme, Just Jaeckin, a dû subir les foudres de la censure avant sa diffusion. Il n’empêche, Emmanuelle va devenir culte, un véritable phénomène au Box Office. Il fut notamment programmé 553 semaines d’affilée sur les Champs-Élysées (UGC Triomphe). Et combien d’adolescents ont attendu leur majorité pour s’y précipiter ? Dans leurs circuits touristiques, les Japonais préféraient cette halte à celle de Grévin. Retiré de l’affiche en 1985, le film a attiré 8 894 000 spectateurs en France dont  3 269 187 dans la capitale qui ne comptait alors que deux millions d'habitants. 

           

          « Traitée comme une reine »

          L’argument ? Il tient dans cette phrase que répète à l’envi le personnage d’Emmanuelle : « Il faudrait mettre le couple hors la loi. » Mais c’est surtout l’esthétique de ces films qui demeurent en mémoire. Ces longs plans sur les avions qui décollent. Ah, la cambrure du fuselage ! Combien de temps avons-nous attendu  que Just Jaeckin passe enfin aux choses sérieuses. Pourquoi fallait-il patienter si longtemps avant de découvrir enfin le beau Mario, prof d’érotisme en Thaïlande ? De Sylvia Kristel, on gardera aussi le souvenir ému de l’abandon de son personnage dans les amours saphiques. Une diplomate libérée auquel le grand Alain Cuny donnait la réplique.
          « Mises à part quelques féministes, je me rappelle que tout le monde me traitait comme une reine, expliquait celle qui s’essaya sans succès au cinéma traditionnel lors d'une récente interview sur M6. Avec le recul, je me dis que cette aventure a servi la libération de la femme, et non son aliénation, comme le disaient certains. Encore aujourd'hui, beaucoup de femmes viennent me dire que ces films ont sauvé leur couple, même si c'était Alice au pays des merveilles comparé à ce qu'on voit aujourd'hui. » 

           

          Une saga et des déboires

          Sylvia Kristel est venue au cinéma grâce… à sa mère. Cette dernière avait repéré en 1972 une annonce dans un journal hollandais pour participer à Miss TV Europe. La jeune fille s’inscrit et gagne. Après quelques petits rôles à la télé, elle débarque à Paris et obtient une audition avec l’ex-mari de Brigitte Bardot, Jacques Charrier. Celui-ci lui trouvera sinon un rôle, du moins une place dans son lit. Elle retourne alors à Amsterdam et rencontre Just Jaeckin. On connaît la suite. Lettrée et raffinée, avec un QI de 165, elle côtoie des romanciers, des cinéastes et tout ce qui comptait d’intellectuels et artistes branchés à son époque. Insouciante, tombant amoureuse de bon nombre de ses collaborateurs masculins, elle profite mais ne se méfie pas de son succès soudain : drogue, alcool, séparation difficile avec l’écrivain belge Hugo Claus, le père de son fils Arthur… Une carrière avortée dans la chanson et le cinéma traditionnel (elle tournera pour Chabrol notamment), elle enchaîne les déboires. On lui prête même une liaison avec Giscard... C’est son comptable qui l’a remettra dans le droit chemin. En 2004, elle revenait pour Libération sur cette anecdote : « Il m’a dit : "Soit vous continuez à vivre n’importe comment et vous vendez votre maison, soit vous menez une vie saine et vous gardez la maison". J’ai vite choisi. » Sylvia Kristel ne roulait pas sur l’or. Son premier rôle, celui de sa vie, bien que lui ayant ouvert quelques (portes), ne lui a rapporté que 18 000 francs (2 744 euros). Ce sont les « compositions » suivantes, essentiellement celles de la saga Emmanuelle, qui lui ont permis de vivre décemment. Les dix dernières années de sa vie, Sylvia Kristel touchait de temps à autre un chèque de l’Adami, la société qui redistribue leurs droits aux comédiens. Elle s’était mise à la peinture à Los Angeles, ses toiles lui rapportaient un peu d’argent, mais le cinéma, pour elle, c’était bel et bien fini. Il lui faudra attendre 2004 pour repasser devant la caméra, dans un documentaire dont elle fait l’objet et dans lequel elle se confie, très loin de son mythique fauteuil en osier... 

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