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          Aurélie Filippetti : le changement à la culture, c'est maintenant ?

          Aurélie Filippetti : le changement à la culture, c'est maintenant ?

          À 38 ans, la député socialiste devient la 30ème ministre de la Culture et de la Communication. À part Jack Lang et André Malraux, aucun ministre de la culture n’a durablement marqué les Français : étonnant pour le pays de l'exception culturelle. Aurélie Filippetti fera-t-elle aussi bien que ses illustres prédécesseurs ?

          Robe noire et cheveux détachés, comme toujours, Aurélie Filippetti n’a pas manqué de faire bonne impression lors de la passation de pouvoirs le matin du jeudi 17 mai. Sur les réseaux sociaux, les journalistes sont séduits. Pour Jean-Michel Aphatie de RTL, la nouvelle ministre de la Culture est « émue, émouvante et intelligente », tandis que Julien Bellver de puremedias.com affirme que « la plus belle sortie et la plus belle arrivée sont incontestablement celles de Frédéric Mitterrand et Aurélie Filippetti à la Culture. » Des inconnus italiens et espagnols se réjouissent même du cadeau qu'elle a fait à son prédécesseur, le roman Et il dit d’Erric de Luca. Avec en dédicace une citation de Carlos Fuentes, récemment disparu. Frédéric Mitterrand a complimenté cette femme de lettres, diplômée de l'Ecole Normale Supérieure de Fontenay-Saint-Cloud, « écrivain de très grand talent » dont « l'empathie pour le monde de la culture » est connue depuis longtemps.

          La Culture prioritaire

          © J-C Marmara/Le FigaroAu Talk-Orange du Figaro, © J-C Marmara/Le FigaroEn retour, la nouvelle ministre a voulu justifier les espoirs placés en elle, rappelant que la culture sera une priorité pour la France. « Cette vitalité de notre création, c'est tout sauf un luxe, c'est tout sauf quelque chose de superflu », a-t-elle proclamé d'une voix forte, en ajoutant qu'elle œuvrera pour que les arts soient accessibles à tous. Aurélie Filippetti s’attaque à un pan sinon sacré, du moins symbolique de la République, l’exception culturelle française : même en temps de crise budgétaire, aucun gouvernement n’a fait l’impasse sur la nomination d’un ministre de la Culture. Mais depuis la création du poste en 1959 par Charles du Gaulle, seules les décennies ministérielles d’André Malraux et Jack Lang ont marqué les mémoires. Une lourde charge donc pour celle dont l'esprit familial a été marqué la Résistance.

           

          L’adieu aux Verts 

          © François Bouchon/ Le FigaroMeeting de soutien à B. Hamon pour les européennes de 2009, © François Bouchon/ Le FigaroDe son père, maire communiste d'Audun-le-Tiche, elle a appris que l'émancipation de l'homme passe par la culture. Cette petite-fille d'immigrés italiens, née en 1973 en Meurthe-et-Moselle, devient normalienne, agrégée de lettres classiques, puis choisit d'enseigner. Elle passe à l'écriture en publiant Les derniers jours de la classe ouvrière (2003). Livre dont le pivot est son grand-père, ancien mineur et résistant déporté. Viendra ensuite son roman plus autobiographique, Un homme dans la poche (Stock, 2006). L'histoire ? Celle d'un amour impossible vécu par son personnage principal (son double ?) au rythme de textos froids et souvent pathétiques. Pas une grande réussite. Côté politique, elle tergiverse, adhère d'abord aux Verts à son arrivée à Paris. Élue conseillère municipale puis d'arrondissement en 2001, elle rejoint le cabinet d'Yves Cochet à l'Environnement à la fin du gouvernement Jospin. Elle sera aussi porte-parole des Verts-Paris en 2003. Mais, à nouveau, l'histoire d'amour ne prend pas. Son parti lui refuse l'investiture législative en Lorraine en 2006 : un affront qui la pousse à rejoindre l'équipe de campagne de Ségolène Royal, en 2007. Elle sera conseillère et plume de la candidate PS aux présidentielles.

          © J-C Marmara/ Le FigaroÀ l'Assemblée Nationale, le 28/10/2010, © J-C Marmara/ Le FigaroDéputée de la 8e circonscription de Moselle depuis juin 2007, elle se spécialise dans le domaine des médias et de la culture vers la fin du quinquennat de Nicolas Sarkozy. Quand François Hollande, alors candidat PS à la présidentielle de 2012, lui demande de rejoindre son équipe de campagne, c'est en tant que responsable du pôle culture. Les observateurs ne s'étonnent donc pas de la voir nommée rue de Valois. Si la jeune ministre, candidate à Metz, franchit le cap des législatives de juin (Jean-Marc Ayrault ayant annoncé que les ministres battus devront quitter leur fonction ministérielle), des dossiers brûlants l'attendent. Parmi eux, la loi Hadopi, qu'elle veut abroger, mais aussi la réforme du CSA et le financement de France Télévisions, sans oublier le livre numérique et la diffusion artistique dans les écoles.

          Yes she Cannes ! 

          En attendant de savoir si elle va répondre à leurs attentes, les acteurs du monde culturel apprécient le changement. Tombée mercredi soir, en même temps que l'ouverture du festival de Cannes, l'annonce a suscité quelques réactions bienveillantes de personnalités présentes sur la Croisette où elle doit se rendre dimanche pour son premier déplacement. Au micro de BFMTV, Thierry Frémaux déclare le Festival de Cannes «  heureux de la nomination d'Aurélie Filippetti », qui « souhaite témoigner l'intérêt et l'affection qu'elle a et pour le cinéma, et pour le Festival », tandis que Michel Hazanavicius, grand lauréat des Oscars cette année, espère qu'elle fera attention aux changements qui peuvent survenir dans le milieu du cinéma. Même l'actrice Virginie Ledoyen, qui avoue ne pas la connaître, décrit cette arrivée comme « une nouvelle ère qui commence.»

            

           

           

          Au talk-orange du Figaro, le 11 octobre 2011 :



          À la une : Aurélie Filippetti au meeting de François Hollande à Bercy, le 29 avril 2012 (© Vincent Boisot/ Le Figaro)


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