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          49e ANNIVERSAIRE DE LA POUPEE Barbie sur le divan

          49e ANNIVERSAIRE DE LA POUPEE

          Plus qu'un an avant que Barbie ne quitte le statut de ménagère de moins de 50 ans. Et pourtant, pas une ride, pas un trait de fatigue, pas un kilo de plus… La pulpeuse Californienne reste un symbole d'éternelle jeunesse, mais fâche aussi. Psychologues, médecins et féministes convaincues condamnent la miss aux cheveux d'or. Il est temps de décortiquer le phénomène Mattel.

          29 centimètres. Des jambes qui n'en finissent pas. Une taille de guêpe (trois corsets ne permettraient pas d'atteindre une telle finesse). Un visage enfantin. Un sourire permanent. Mais quel est le secret de Barbie ? A 49 ans, entre un épisode des 'Feux de l'amour', une virée shopping et une glace entre amis, Barbie galope sur son cheval rose ou s'envole dans un avion… Incontestable réussite marketing, les petites filles se l'arrachent. La poupée adulte a mis une bonne claque aux baigneurs et autres peluches asexuées. Porte-drapeau de la condition féminine ou symbole implacable de l'antiféminisme ? A l'aube de son cinquantième anniversaire, la poupée qui fait bling-bling continue de faire débat.

          Naissance d'un mythe

          La toute première Barbie, en 1959 / (c) Mattel Inc Certaines légendes plongent dans les entrailles de la terre, sur les rives du Styx, ou dans les hauteurs de l'Olympe. Le dernier mythe de Vénus, inconsistant et stérile, surfe sur les vagues de Californie et s'appelle Barbie. Barbara Caylah Millicent Roberts (son vrai nom, excusez du peu) est présentée pour la première fois le 9 mars 1959 par sa créatrice Ruth Handler à l'American Toy Fair de New York. Blonde platine, le teint clair, elle est vêtue d'un maillot de bain zébré. Sexy, la poupée a tout d'une pin-up : poitrine opulente, taille fine, jambes longues, bouche vermeille et visage de petite fille. Une femme-enfant à la plastique de rêve.

          L'aventure Mattel commence grâce à ce nouveau jouet, copie de la poupée allemande Lilli, première "poupée mannequin" au visage maquillé apparue en 1955. Une star est née, une chimère pour des milliers de petites filles qui rêvent de cet univers de strass, de belles maisons, de mode, où tout est facile, futile et frivole. Barbie, c'est la version édulcorée de FFF. Bienvenue au pays de de la poupée gâtée…
          De jouet pour petite fille, la figurine de plastique va susciter un colossal empire marketing de dimension internationale. Au fil des ans, Barbie se modernise, tout en restant presque identique à son aïeule. Ses cheveux s'allongent, sa peau bronze, le travail s'impose, ses amies se multiplient, ses origines se métissent. Elle est le témoin des divers aspects socioculturels successifs des Etats-Unis. Mattel devient un des plus puissants groupes industriels de fabrication et vente de jouets au monde. Barbie ou la caverne d'Ali Baba des commerciaux, à la cible rêvée : les petites filles.

          Desperate Housewife ou l'antiféminisme à strass

          Mais que pense Barbie de tout cela ? Elle est à la tête d'une immense entreprise et passe sa vie dans les boutiques. Dans sa prison dorée, elle attend Ken, papote avec ses amies de sa dernière manucure et veut changer de coiffure. En bref, Barbie s'ennuie. Véritable Desperate Housewife, sa vie n'a rien de passionnant, entièrement amidonnée dans un quotidien luxueux absous de la moindre nécessité. Car Barbie ne mange pas, ne travaille pas (à ses débuts du moins), tout lui tombe dans les mains. Dans son univers, les principes de base sont simplistes : paraître plutôt qu'être. Les féministes s'insurgent : Barbie est un exemple flagrant de misogynie exacerbée. Il suffit de mesurer à quoi cette poupée est réduite. Symbole d'une superficialité à toute épreuve, Barbie s'entoure de vétilles. Dans le monde de Barbie, le matérialisme est roi et la futilité maîtresse. L'infantilisation et l'abêtissement du quotidien de la jeune femme renvoient les hommes à une conception machiste de la société. C'est d'ailleurs à se demander si la pléthore de blagues phallocrates sur les blondes ne vient pas de Barbie. Le stéréotype est obscène et réduit la femme à un statut dégradant et pervers qui la substitue au rôle d'objet. Sois belle et tais-toi.

          Vers une émancipation de la femme ?

          Mais les féministes ne sont pas toutes d'accord à ce sujet. Pour certaines d'entre elles, la poupée qui fait non (Barbie ne couche pas) est un porte-drapeau de l'émancipation féminine. Et certains détails de l'aspect physique et pratique de la figurine en témoignent. Aussi, entre 1959 et 1970, Barbie regarde légèrement vers le bas et vers la droite. Elle est soumise et réduite à son rôle de femme au foyer sous les ordres de l'homme. Mais en 1970, Malibu Barbie débarque, toute bronzée et le regard franc. C'est que désormais la belle conduit sa propre voiture. Preuve de l'affranchissement de la femme dans les années 1970 dans les sociétés occidentales. Dès lors, Barbie s'épanouit dans divers métiers (médecin, rock-star, pilote…) et loisirs qui prouvent, là encore, son indépendance et sa facilité à prendre sa vie en main. Elle s'assume comme femme dans une époque débarrassée de codes sociaux archaïques et désuets. Belle, pulpeuse, la demoiselle s'appréhende avec féminité sans pour autant être l'esclave sexuelle de son mari. Elle refuse le statut de mère de famille au profit d'un hédonisme permanent. Mai 68 et sa révolution des moeurs sont passés par là, Barbie en est l'éblouissante Marianne.

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