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          CAFEBABEL.COM L'Europe a son magazine

          CAFEBABEL.COM

          Si le film 'L'Auberge espagnole' avait un pendant journalistique, ce serait sans nul doute 'Cafebabel.com'. Créé par une bande d'étudiants européens il y a bientôt dix ans, ce site internet dépoussière l'Union en donnant la parole à ses citoyens. Des thématiques sociales, culturelles ou politiques y sont abordées et intégralement traduites dans six langues. L'Europe populaire a enfin son média.

          L'Europe est souvent perçue comme quelque chose de plutôt rébarbatif. Pourquoi avez-vous pensé qu'un site sur l'Union européenne fonctionnerait ?

          Aujourd'hui quand on parle d'Europe, on en parle de façon très institutionnelle. On évoque les auditions des commissaires, les différentes taxes ou réglementations, mais on ne parle jamais de l'Europe au quotidien. Sur '

          ', nous cherchons à aborder des problématiques plus sociétales, culturelles ou générationnelles. Ce dernier aspect est très important. Les 20-35 ans très mobiles, intéressés par leurs voisins, qui parlent plusieurs langues et sont ouverts sur l'Europe, cette génération Erasmus, on s'est dit qu'il lui fallait un média. Elle a des référents culturels différents de la génération d'il y a quarante-cinquante ans, pour qui l'Europe était un symbole de paix, de construction. Pour nous, l'Europe est plutôt un espace de vie.

          La génération Erasmus comme les personnes profondément intéressées par l'Europe demeurent peu nombreuses. Pensez-vous vraiment qu'un espace public européen puisse émerger à partir d'une si petite frange de la population ?

          (c) Cafebabel.comAlexandre Heully, (c) Cafebabel.comLe programme Erasmus a seulement 20 ans. Il n'y a pas encore beaucoup "d'enfants Erasmus", c'est vrai, mais ceux-là ont vraiment un autre regard sur l'Europe. C'est la première génération d'Européens qui vit l'Europe au quotidien, sans se poser de question. C'est une avant-garde. Le phénomène va être amené à s'amplifier. Les vols low-cost contribuent énormément à la construction d'un espace public européen. Pouvoir passer un week-end à Cracovie ou Budapest parce qu'on a trouvé un vol à bas prix, c'est quelque chose qu'on ne faisait pas il y a trente ans. Tout le monde ne pensera pas l'Europe d'un point de vue politique, c'est certain, mais tous ces Anglais qui vont passer leur anniversaire à picoler à Prague sont une réalité. Ce n'est pas le côté le plus culturel ou idéaliste de l'Europe, mais cela participe à sa construction.

          Pourquoi, malgré cette réalité européenne de plus en plus prégnante, les politiques n'abordent-ils pas plus les problèmes d'un point de vue européen ?

          Les politiques n'ont pas d'intérêt à européaniser les thématiques sur lesquelles ils interviennent, car s'ils le font, ils vont perdre toute légitimité auprès des électeurs. Le centre du pouvoir s'est déplacé au niveau européen. Par exemple, aujourd'hui, un homme politique n'a plus les moyens de décider de l'aménagement urbain de sa ville. On ne peut pas non plus faire grand-chose pour lutter contre le chômage au niveau national. Si un homme politique reconnaît cette impuissance, il fera piètre figure vis-à-vis de ses électeurs. Donc ils se servent plutôt de l'Europe comme d'un repoussoir en disant que s'ils n'ont pas réussi à faire quelque chose, c'est à cause de Bruxelles.

          L'identité de 'Cafebabel.com' penche-t-elle plutôt du côté du média ou de celui de l'espace public ?

          'Cafebabel.com' est un espace médiatique, pas un média d'information. On ne cherche pas à faire de la news. On veut faire dialoguer les gens, croiser des points de vue, permettre la communication entre citoyens. C'est une approche différente des autres sites participatifs. '

          ' a une énorme équipe de professionnels produisant de l'information, '

          ' cherche à faire du scoop. A 'Cafebabel.com', nous sommes plutôt dans l'émulation avec le lecteur. Le fait que nous soyons participatifs, que nous reposions sur une communauté de gens qui interagissent les uns avec les autres, entraîne une expérience culturelle forte. Italiens, Espagnols, Polonais, Français se rencontrent et s'aperçoivent qu'ils ont énormément en commun. C'est cet échange que nous recherchons sur 'Cafebabel.com', et non de l'information.

          Pensez-vous que n'importe qui puisse effectuer le travail d'un journaliste ?

          Ce serait une erreur de limiter la contribution écrite à un seul cercle de journalistes initiés. Le métier de journaliste évolue. Le rôle d'un journaliste n'est pas seulement d'aller sur le terrain et faire du reportage. C'est aussi de donner la parole aux gens, de traiter et hiérarchiser l'information. Tout le principe du journalisme participatif repose sur le "professionnel-amateur" : les journalistes professionnels sollicitent des contenus bénévoles, puis vérifient la cohérence des textes, leur qualité, les éditent et les publient. Le journaliste conserve un rôle spécifique. Seulement, il n'y a plus de monopole de production d'information.

          Comment assure-t-on la cohérence de la ligne éditoriale d'un site dont les articles sont écrits par 900 auteurs bénévoles ?

          Nous sommes directifs sur les sujets et les types d'articles que l'on attend. Si nous demandons un sujet A et qu'on nous propose un sujet C, il ne sera pas retenu, à moins qu'il ne soit vraiment intéressant (nous essayons d'avoir 25 à 30 % de contenu spontané). Il y a aussi une charte éditoriale précise. Un débat de politique intérieure polonaise ne va pas nécessairement susciter l'intérêt d'un Français ou d'un Italien, donc on ne va pas le traiter. Et si on décide de prendre un sujet propre à un pays, il faut qu'un travail d'explication ait été fait pour qu'il puisse être compris par tous les Européens. Enfin, notre équipe de journalistes effectue un important travail de mise en forme, tant d'un point de vue rédactionnel, que formel.

          'Cafebabel.com' va bientôt fêter ses dix ans. Quelle direction le site va-t-il prendre pour sa seconde décennie ?

          (c) Cafebabel.comVue de la rédaction de 'Cafebabel.com', (c) Cafebabel.com Nous souhaitons aller vers plus de participation : plus d'auteurs et de contributions. Il faut qu'en se connectant sur 'Cafebabel.com', les lecteurs se sentent chez eux, dans leur journal, qu'ils puissent écrire et réagir plus facilement, notamment via des votes ou des commentaires. Nous souhaitons vraiment faciliter les conversations entre les Internautes, aller vers plus de communautaire. Approfondir la relation avec le lectorat est aussi importante car notre lecteur est notre contributeur : il faut le soigner ! Tout cela en conservant nos critères de qualité car nous ne voulons pas que 'Cafebabel.com' devienne un gigantesque forum.

          En laissant plus de place au communautaire, vous ne craignez pas qu'il y ait confusion entre le contenu "fiable", dont la qualité a été contrôlée, et les propos plus subjectifs ?

          Il ne faut pas prendre le lecteur pour un imbécile. Il est capable de différencier les contenus. Je pense qu'un blog écrit sur un ton personnel sans viser à l'objectivité est intéressant : la différence de perspective apporte quelque chose. Il faut simplement faire attention à la labellisation. Un blog doit être clairement identifié comme tel, tout comme un article d'information, ou un commentaire. D'un point de vue théorique, il me semble pertinent de poser la question de la frontière entre information pure et propos subjectif, mais dans la réalité, les gens font spontanément la part des choses.

          Rendez-vous sur le site 'Cafebabel.com'

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