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          MINISTERE DE LA CULTURE 50 ans d'exception française

          MINISTERE DE LA CULTURE

          En créant le ministère des Affaires culturelles qu'il confie à son ami André Malraux, le général de Gaulle met fin à une longue tradition de quasi ignorance de la chose artistique par l'Etat. Inaugurant la notion de véritable politique culturelle, l'actuel ministère de la Culture et de la Communication a depuis connu une alternance pas nécessairement très cohérente, entre volontarisme des pouvoirs publics et laisser-faire libéral.

          Les arts, le pouvoir ne s'y est pas toujours intéressé au point de leur consacrer un ministère. Sous l'impulsion de Malraux, l'écrivain-militant-aventurier, l'investissement de l'Etat a pris une dimension inédite, qui ne s'est jamais vraiment démentie jusqu'à nos jours. Son importance ne semble pourtant pas tout à fait acquise aujourd'hui encore. Après un demi-siècle d'existence, il est plus que jamais remis en cause. Sinon en apparence, du moins dans les faits. L'âge de la maturité, ou celui du trépas ?

          Ministère Malraux

          Lorsque le général de Gaulle revient au pouvoir en 1958 pour fonder la Ve République, il innove en créant un ministère consacré à la culture, dont il confie la charge en juillet 1959 à André Malraux. L'écrivain est un fidèle du général et celui-ci tient à le garder auprès de lui, en lui proposant "quelque chose de grandiose" qu'il taille pour lui sur mesure. Fort de sa renommée, l'auteur de 'La Condition humaine' (prix Goncourt 1933), se voit chargé "de la réalisation de divers projets et notamment de ceux ayant trait à l'expansion et au rayonnement de la culture française". Rien de moins. Il bénéficie pour cela de toute la confiance du chef de l'Etat, heureux de contrer grâce à lui l'implantation des communistes sur le terrain de la culture. Dix années durant, il donne au ministère ses grandes orientations, pour ne pas dire sa philosophie.

          Culture gaullienne

          (c) Ministère de la Culture - Médiathèque du patrimoineAndré Malraux, (c) Ministère de la Culture - Médiathèque du patrimoineLe rayonnement de la culture française passe donc par deux noms, dont le prestige de l'un rejaillit sur l'autre, pour donner à ce nouvel outil une reconnaissance qui dépasse les frontières de la France. La mission de Malraux et de son administration devenue autonome, se décline selon trois axes : rendre accessibles les oeuvres capitales de l'humanité - et d'abord de la France - au plus grand nombre, assurer la plus vaste audience au patrimoine culturel français et favoriser la création qui l'enrichit. Le but est de mettre l'art à disposition de tous, et non "au service du décor de la vie, au service de la bourgeoisie". Parmi les caractéristiques majeures de l'ère Malraux figure son refus de tout "pédagogisme". Faire connaître les arts relève de l'enseignement, de l'Université. Ce que doit chercher à atteindre le ministère, c'est faire aimer les oeuvres par leur présence publique directe, en suscitant "un choc esthétique". Pour cela, il va s'appuyer sur un réseau associatif local et la création des Maisons de la culture en 1961, lieux du contact entre le public et les oeuvres. L'excellence artistique y est visée, les pratiques didactiques sont reléguées au passé.
          Sous l'impulsion de la rue de Valois, l'académisme est largement remis en cause. Malraux soutient les artistes d'avant-garde comme lors de la première manifestation de la Ve République en 1959, à l'occasion de laquelle le ministre choisit le spectacle de Jean-Louis Barrault à l'Odéon, 'Tête d'or' de Paul Claudel, sur une musique de Pierre Boulez et des décors d'André Masson. Des commandes sont passées à des artistes modernes, le plafond de l'Opéra Garnier par Chagall reste l'un des plus fameux exemples de l'audace malrucienne.

          Mieux n'est pas assez

          (c) Ministère de la CultureLogo du ministère de la Culture et de la Communication, (c) Ministère de la CultureUn premier bilan du tout neuf ministère des Affaires culturelles se dresse à l'heure de Mai 68. A l'instar du général de Gaulle, le ministre-écrivain apparaît en décalage avec les attentes d'une société en plein bouleversement. Quelques mois auparavant, l'affaire Langlois avait commencé de discréditer le ministre. Malraux, qui avait toujours défendu les choix du créateur de la Cinémathèque française, cède aux pressions du ministère des Finances. L'autonomie de la Cinémathèque et la personnalité de son directeur s'accordent mal avec la volonté générale de contrôle du domaine culturel par l'Etat gaullien. L'éviction de Langlois au profit de Pierre Babin donne lieu à des émeutes et connaît un retentissement international.
          Dans le cinéma donc, les arts ou le théâtre, les nombreuses revendications semblent désavouer dix années de politique culturelle. Rejet pur et simple ? Le bilan est en réalité plus nuancé. L'autonomie administrative du ministère, la revendication d'un droit du peuple à la culture et la promotion des avant-gardes sont essentiellement à mettre au compte de Malraux. Il a joué un rôle fondateur et aucun de ses successeurs amenés à composer avec son héritage ne le reniera.

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