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          JANE RUSSELL, LA BRUNE PREFEREE DES HOMMES

          Celle qui partagea l'affiche avec Marilyn Monroe dans 'Les hommes préfèrent les blondes' vient de mourir à l'âge de 89 ans. Retour sur la carrière et la vie d'une star aux trois visages.

          La Jane Russell des cinéphiles. L'actrice a été dirigée par quatre géants du cinéma américain : Josef von Sternberg ('Macao, paradis des mauvais garçons', 1952), Howard Hawks ('Les hommes préfèrent les blondes', 1953), Nicholas Ray ('L'Ardente Gitane', 1956) et surtout Raoul Walsh ('Les Implacables', 1955, et 'Bungalow pour femmes', 1956). Le fait que ces trois derniers films, remarquables et sous-estimés, aient été coproduits par elle, après sa rupture professionnelle avec Howard Hughes, prouve qu'elle était loin d'être idiote. Mais aucun d'entre eux ne fut reconnu à sa juste valeur, et sa carrière déclina. L'actrice y montrait un véritable tempérament dramatique, s'ajoutant à l'ironie et à l'humour dont elle avait déjà fait preuve chez Hawks, ou dans le film noir quasi parodique 'Fini de rire' (réalisé par John Farrow), ainsi que dans le diptyque 'Visage pâle'/ 'Le Fils de Visage pâle', plaisants pastiches de western aux côtés de Bob Hope. Ces qualités naturelles d'actrice contrebalancent son image de sex symbol, sans toutefois nier sa légendaire sensualité.

          La Jane Russell du grand public, en effet, est avant tout scandaleuse et provocante. C'est la bombe lancée par le mégalomane Howard Hughes pendant la deuxième guerre mondiale. Bombe à retardement, en fait : lorsque Hughes déniche ce jeune mannequin de vingt ans, pendant le casting du 'Banni', en 1941, il devient obsédé par son physique sculptural. Habitué à concevoir des avions, il dessine pour elle un soutien-gorge « aéro-dynamique », sans coutures ni bretelles, auquel Hitchcock fera allusion au début de 'Vertigo', dans un dialogue entre James Stewart et sa copine styliste (profession à laquelle Jane Russell se destinait au départ). Mais surtout, le milliardaire excentrique conçoit la plus longue campagne de publicité de l'histoire du cinéma : presque cinq ans de promotion, avec des affiches, un battage médiatique et des photos qui font de Jane Russell l'une des pinups préférées des G.I. au front, alors que le film ne sortira vraiment qu'en 1946 ! Entre-temps, la censure s'est déchaînée pour condamner le film, ce qui ne fait qu'accroître le « teasing ». Des coupes sont pratiquées dans le montage, et des morceaux de gaze sont utilisées en laboratoire pour flouter son décolleté dans les plans « plongeants ». Elle est connue pour être l'une des rares vedettes qui ait tenu tête à son possessif employeur, et à n'avoir jamais succombé à ses charmes : il en résultera non seulement une rente confortable sur plusieurs décennies, mais aussi une indéfectible amitié.
          Ce qui n'enlève rien au fait que Russel doit à Hughes ses plus beaux scandales.
          Comme en 1953 avec 'The French Line'. Lors du numéro «Lookin' for Trouble», où elle arbore la fameuse tenue sous un peignoir de fourrure blanche (assorti d'un manchon !), la chorégraphie et les paroles de la chanson ne font qu'accentuer la provocation, dans une séquence d'anthologie considérée aujourd'hui comme un sommet du kitsch hollywoodien ; son cri de guerre sexuel : « Je ferai fondre toute la neige d'Alaska, jusqu'à ce qu'elle bouillonne comme l'Amazonie tropicale ! ». La légendaire poitrine de la comédienne était renforcée par le tournage en 3D-Relief, et fut la cible d'innombrables plaisanteries : deux pics montagneux d'Alaska furent baptisés « monts Jane Russell », et son partenaire Bob Hope l'annonça lors d'une émission télévisée comme « la double et unique Jane Russell » !

          La troisième Jane Russell, c'est la bonne fille toute simple, camarade de plateau appréciée des techniciens comme de ses partenaires (elle se montra « protectrice » vis-à-vis de Marilyn, et Robert Mitchum la citait comme l'une de ses collègues préférées), avouant sa surprise, voire son horreur, quant aux polémiques suscitées par ses tenues légères. Chrétienne fervente, républicaine militante, elle s'était prononcée contre l'avortement (elle en avait subi un à l'adolescence qui l'avait traumatisée et rendue stérile), et se décrivait, avec son humour habituel, comme une « vieille actrice méchamment réac et étroite d'esprit ». Toujours prête à se moquer d'elle-même, elle avait participé à des campagnes de publicité pour une célèbre marque de soutien-gorge, mais il est une chose qu'elle a toujours pris au sérieux : le sort des orphelins de guerre, qui la conduisit à adopter trois enfants et à créer une fondation qui permit à plus de 50 000 foyers d'accueillir des enfants perdus. Excellente chanteuse, elle avait connu un certain succès discographique dans les années 1960, en créant un trio de gospel, et fit un comeback remarqué dans le musical 'Follies' de Stephen Sondheim en 1971.

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