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          INTERVIEW DE FRANCIS ZEGUT

          Francis Zégut n'est pas seulement l'inventeur d'expressions aussi colorées que "Préparez vos cages à miel, bande de petits graisseux !" Avec l'émission 'Plug-in', diffusée dès la fin des années 1990, il fut également l'un des premiers à comprendre le rôle que pouvait jouer Internet sur la diffusion de la musique. Dix ans plus tard, en pleine ère Youtube et Deezer, son analyse a d'autant plus d'intérêt.

          Si son visage nous était inconnu, il resterait un moyen infaillible de s'assurer que l'homme qui s'assied à notre table dans ce bar situé en face des studios RTL est bien Francis Zégut : sa voix. Cette même voix grave qui faisait trembler les murs de la première radio de France lorsque l'animateur tenait les rênes des émissions 'Wango Tango', 'Plug-in' ou 'Zikweb' et que les auditeurs de 'Pop Rock Station' retrouvent tous les dimanches de 22 heures à minuit sur RTL2. Une voix qui nous bercera pendant une demi-heure, le temps pour "Zézé" de nous raconter sa carrière à la radio, sa fascination pour Internet et ses projets de baie vitrée.

          En 2001, après 20 ans sur RTL, vous avez rejoint RTL2, une radio plus ciblée. Cela a-t-il changé quelque chose à vos programmations ?

          Au début, non. Après, oui, un peu. Il y a une sorte de formatage qui a fait que la programmation était plus consensuelle. C'est comme ça sur toutes les radios : on teste d'abord des morceaux, puis on les diffuse. Ça m'a valu quelques petits accrochages, même si j'avais encore la place de passer des titres à moi. Cette année, je ne travaille plus que deux heures par semaine, le dimanche, mais j'ai la programmation libre. Je peux passer des morceaux d'un quart d'heure, des rubriques, des interviews...

          Vos playlists sont très larges, elles incluent des classiques, des nouveautés, des chansons d'AC/DC autant que de Sigur Rós...

          Dire que le rock, c'est Elvis, et qu'après il n'y a plus rien, c'est un peu réducteur. Chacun a apporté sa pierre à l'édifice. Il y a sans cesse de nouveaux sons, de nouveaux mots… Après tu fais le tri, tu aimes ou tu n'aimes pas, mais il faut être curieux, c'est le nerf de la guerre. C'est idiot de s'enfermer dans un château fort avec un pont-levis en disant que ce qu'il y a à l'extérieur, c'est forcément moins bien.

          En fin de compte, y a-t-il quelque chose que vous détestez ?

          Par dessus-tout, la 'Star Ac'' et les émissions de ce genre. On fabrique des générations d'enfants qui veulent faire "ça", en montrant la télé du doigt. Tu n'as pas de talent, tu restes au pieu toute la journée avec des lunettes de soleil à te gratter les burnes, mais tu as quand même envie d'être célèbre. La célébrité est devenue le but ultime. Alors que pour être un artiste, que tu sois musicien, peintre ou sculpteur, il faut d'abord apprendre et développer ton talent.

          Vous parliez de nouveaux sons. Achetez-vous encore des disques ?

          Je dois être un peu idiot, je mets parfois 25 euros dans un album qui vient de sortir. Il m'arrive aussi d'acheter un CD pour sa pochette ou parce que le nom du musicien m'inspire. Et après l'avoir écouté, je me dis : "Ben voilà, j'ai dépensé 25 euros pour que dalle…" (Rires) Aujourd'hui, le disque est devenu un "produit d'appel" qui entraîne vers autre chose, le concert. Et pour moi, le truc le plus important en musique, c'est le concert, le spectacle vivant. Il n'y a que là qu'on trouve une communion entre les gens. Même si le groupe fait une fausse note dans son spectacle, tu as vu tes potes, tu as bu des bières, tu as échangé. C'est ça, le plus important.

          Vous téléchargez ?

          Photo (c) DR Un peu, légalement. A l'époque de Napster, je téléchargeais à mort. C'est répréhensible mais en même temps, je trouve ça hyper sain parce que des pans entiers de musique ont été redécouverts. Cela fait maintenant plusieurs années que les maisons de disques s'effondrent. Si à l'époque où le Net a pris de l'ampleur, elles avaient tendu la main aux mecs qui faisaient Napster pour le développer ensemble, au lieu de vouloir à tout prix punir le pauvre petit gars qui télécharge chez lui, elles n'en seraient peut-être pas là…

          Dès la fin des années 1990, vous parliez d'Internet dans vos émissions. A quoi était dû cet enthousiasme immédiat ?

          Quand je me suis connecté à Internet, à l'époque de 'Plug-in', j'ai fait comme tout le monde, j'ai cherché en fonction de ce que j'aimais. Chez certains, c'est les filles à poil, moi, c'est la musique. Un jour, je suis tombé sur All Music Guide. (1) J'ai essayé de planter le site en tapant des noms de groupes très obscurs mais je n'y suis pas arrivé. J'ai alors regardé mes trois murs remplis de bouquins accumulés depuis 25 ou 30 ans et je me suis dit : "Là, au bout du doigt, tu as tout ça". Quand on pense à l'économie de pognon ou à ces livres qu'on a parfois attendus pendant six mois, c'est extraordinaire !

          (1) www.allmusic.com

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