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          PORTRAIT DE JACQUES PREVERT (1900-1977) Paroles de poète

          PORTRAIT DE JACQUES PREVERT  (1900-1977)

          Poète, scénariste, dialoguiste, parolier, dramaturge. Populaire et solidaire, curieux et insoumis, amoureux des femmes, des mots et de la contestation, Jacques Prévert, à travers son oeuvre, est allé au plus près de la réalité, tout en réalisant ses rêves. "Rouge de coeur", le sien s'est arrêté il y a tout juste 30 ans…

          1900. Dans le vrombissement du premier métro parisien, alors que la belle Dame de fer défile sous ses plus beaux atours à l'Exposition universelle, Jacques André Marie Prévert ouvre ses yeux un jour de février. Auprès de son père, il entrevoit le monde du théâtre et du cinéma. Auprès de sa mère, il apprend à lire "avec un alphabet, bien sûr, mais surtout avec 'L'Oiseau bleu', avec 'La Belle et la bête' et 'La Belle aux cheveux d'or'".

          Mais la misère se fait bientôt menaçante. Alors que son père est devenu membre de la brigade des inspecteurs de l'Office central des pauvres, Jacques l'accompagne dans ses visites des foyers miséreux où il rencontre tous les laissés-pour-compte, les "mauvaises gens", dont il se fera plus tard le porte-parole. A l'école et à son tableau noir de malheur, il préfère le bonheur des chemins buissonniers, sur lesquels il peut flâner indéfiniment. De cette enfance, Jacques Prévert gardera son besoin absolu de vivre comme on rêve, de refuser les idées imposées, les oppositions simplistes. Il veut rêver la vie pour mieux la changer.

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          L'aventure de la rue du Château

          1924. La capitale est aux mains des surréalistes, du pape André Breton et de ses cardinaux. Philippe Soupault, Paul Eluard, Louis Aragon, Michel Leiris… C'est dans le quartier Montparnasse, repère de tous les artistes, que Marcel Duhamel, futur créateur de la collection Série noire, décide de louer une maison, au 54 rue du Château, pour y héberger tous ses amis impécunieux. Immergés au coeur de ce joyeux phalanstère, Yves Tanguy donne ses premiers coups de pinceau et Jacques Prévert fait son premier collage. Voilà sa véritable école ! Sur ces bancs, il rencontre d'autres aventuriers du langage : Raymond Queneau, le "prophète" Robert Desnos, qui à son tour lui fait rencontrer le très anticlérical Benjamin Péret et Louis Aragon, puis le "pape" en personne. Entouré de ces flibustiers de la littérature, Prévert se laisse embarquer vers des destinations inconnues. Au café Cyrano, place Blanche, lieu de ralliement, tous repensent le monde. Prévert retrouve l'insouciance de son enfance. Irrévérence et bonne humeur exigées.

          La naissance d'un écrivain

          Jusqu'en 1929, compagnon plus que militant, Jacques Prévert pose son regard amusé sur ce bouillonnement créateur. Il assimile surtout ces techniques nouvelles que sont l'écriture automatique, le sommeil hypnotique, l'interrogation du "hasard objectif". Il est lui-même l'inventeur des "cadavres exquis". Autant de pratiques qui font voler en éclats les certitudes esthétiques traditionnelles. "De la modernité avant tout !", dirait Apollinaire. L'agitation inconsciente prenant le pas sur l'inertie raisonnable.

          Mais trop indépendant d'esprit, Jacques Prévert sera plus un homme de main du surréalisme qu'un de ses hommes de plume. Et lorsque le pape du surréalisme se montre trop inquisiteur, Prévert s'en va prendre l'air ailleurs. Tel l'oiseau, ami de toujours du poète, Jacques Prévert s'envole pour un autre arbre, avec sous son aile, ses paroles. Son texte 'Mort d'un Monsieur', écrit en 1930, une critique acerbe à l'égard d'André Breton, retentit comme un dernier coup de canon, avant de quitter le navire. Et de cette mort naît un écrivain.

          La confusion des genres

          Avec Prévert, fort de son héritage surréaliste, tout se crée, tout se transforme. Saynètes, conversations, chansons, petits films, choeurs parlés… Il est bien difficile d'attribuer à ses poèmes un genre précis. Au réel, il mêle le surréel. Prévert aime perdre son lecteur, faire bouger les cadres de la poésie, bousculer les "déjà-vu, lu, entendu". Et tout en respectant la forme typographique convenue (titres, retour à la ligne…), Prévert refuse la rigidité du jargon poétique et son attirail. Empreint de liberté, à sa poésie la prose s'impose. 'Paroles', son premier recueil, publié en 1949, n'est-il pas l'anagramme de "la prose" ? Un recueil où, tout en s'efforçant de préserver une unité thématique et linguistique, le poète alterne pièces engagées et d'autres plus légères, textes longs et textes brefs. L'art y est très souvent visuel, de la peinture au feuilleton en passant par la photographie. Un univers auquel Prévert s'est sans doute initié auprès du photographe Robert Doisneau, lors de leurs promenades communes.

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