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          Jean-Michel Ribes : « Roland Dubillard ? L'oxygène, le rire, la poésie »

          Jean-Michel Ribes : « Roland Dubillard ? L'oxygène, le rire, la poésie »

          Fini de rire. L’écrivain et dramaturge Roland Dubillard est décédé le 14 décembre 2011 à l’âge de 88 ans. Pour Evene, Jean-Michel Ribes, qui avait remis au goût du jour ses ‘Diablogues’, revient sur ses liens avec un maître de l’humour.

          Dans la famille du théâtre de l’absurde, Dubillard était le plus fantaisiste. Petit frère dissipé de Beckett et de Ionesco, son théâtre prenait le parti d’en rire. Le directeur du théâtre du Rond-Point et metteur en scène Jean-Michel Ribes n’a pas attendu la disparition de son ami pour lui rendre hommage. Pour fêter les 80 ans du dramaturge, en 2004, il a monté un festival 'Roland Dubillard' et mis en scène ‘Le jardin aux betteraves’ (1969). En 2007, il a accueilli ‘Les Diablogues’ (1975), superbement joués par François Morel et Jacques Gamblin sous la direction d’Anne Bourgeois. Avant de sortir définitivement de l’oubli la pièce et son auteur en 2009 dans une version féminine avec Muriel Robin et Annie Gregorio au Théâtre Marigny. Ribes raconte ici tout ce qu’il doit à cet « incroyable génie. »

          Giovanni Cittadini CesiJean-Michel Ribes, Giovanni Cittadini CesiQuels étaient vos liens avec Roland Dubillard ?

          Je le connaissais depuis que j’étais enfant. On avait tourné ensemble avec Jacques Berthier, qui est également décédé. J’ai vécu dans son œuvre et son univers depuis très jeune. Je m'honore de faire partie de sa famille. J’aimais et j’étais proche de sa fantaisie. On avait prévu de monter ‘La maison d'Os’ la saison prochaine.  Je suis très triste de le voir partir. Ces derniers mots ont été :« je pars, excusez moi mais je pense être parti depuis longtemps déjà ». Car celui qui se réfugiait dans l’absurde préférait ce monde là à la réalité.

          Vous l’avez souvent mis en scène, notamment ‘Les Diablogues’ au Théâtre Marigny en 2009 avec des comédiennes...

          'Les Diablogues’ (diffusé sur France 2 le 22 décembre, ndlr), il m'avait autorisé à le monter avec Muriel Robin et Annie Gregorio… J’ai été très heureux de le mettre en scène à plusieurs reprises. Dès mon arrivée au Rond-Point, j'ai organisé un festival Dubillard avec sept de ses pièces. La première chose qui m’est apparue chez lui, c’est cet univers si fort. Un monde qui répond à une tristesse ambiante. A travers ce monde, il voulait se protéger d’une réalité morbide.

          Comment définiriez-vous son style ?

          On décrit souvent Dubillard comme un auteur loufoque, mais ce n’est pas un ricaneur. C’est un grand poète comique. Alfred Jarry avait la même force. Il utilise l’humour, les situations décalées, la poésie pour échapper au quotidien. Et le public suit.

          Quel héritage laisse-t-il ?

          Il laisse une œuvre qui va grandir. C'est quelqu'un dont on va probablement mesurer maintenant l'incroyable génie. Alors que le théâtre est dans un chaos didactique aujourd’hui, son œuvre va prendre tout son sens. La fantaisie de Dubillard casse le sens et nous en avons besoin ! Dubillard, ce sera le pays où l'on pourra se réfugier. L'oxygène, le rire, la poésie. Il va devenir de plus en plus nécessaire et de plus en plus important. Dubillard, c'est la médecine et l'évasion de ce monde de l'argent.

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