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          LES FEMMES ET LE NOBEL 2004 : Honneur aux dames !

          LES FEMMES ET LE NOBEL

          Le 10 décembre prochain seront remis à Stockolm les cinq prix de la prestigieuse institution d'Alfred Nobel. Une fois n'est pas coutume, parmi les récipiendaires de 2004, deux femmes sont à l'honneur.

          Le Prix Nobel serait-il en voie de féminisation ? Le cru 2004 du prestigieux prix pourrait nous le laisser entendre. Deux femmes, la dramaturge autrichienne, Elfriede Jelinek, et la militante écologiste kenyane Wangari Maathai, ont en effet rejoint cette année le panthéon, majoritairement masculin, des "nobelisés". Et cette entrée magistrale ne s'est pas faite par la petite porte puisqu'elles raflent à elles deux les prix les plus prestigieux, la littérature et la paix.

          Première femme africaine récompensée par le comité norvégien, Wangari Maathai a été saluée pour son oeuvre de reforestation en Afrique. Son mouvement, "la ceinture verte" inclut aussi des projets de protection de la biodiversité, d'éducation des populations à l'environnement et la promotion des droits des femmes et des enfants. Sa nomination marque ainsi l'entrée des valeurs écologiques dans les critères de lutte pour la Paix.

          Le Nobel de Littérature revient, quant à lui, à une romancière engagée dont chaque oeuvre peut être présentée comme un pamphlet contre toute forme d'aliénation de l'individu ou de l'art. Mais, le jury du Nobel n'a pas seulement voulu récompenser l'auteur politique, car le réquisitoire impitoyable de Jelinek est porté et transmué par une plume audacieuse qui mérite bien, à elle seule, qu'une telle institution se soit penchée sur son cas.

          Chercher les femmes...

          Mais si les femmes sont à l'honneur de cette édition, leur consécration fait figure d'exception dans l'historique de l'Institution. Certes, le comité Nobel n'a de cesse de rappeler qu'il honore l'action et l'oeuvre d'un lauréat sans distinction de sexe. Cependant, les fervents défenseurs de la parité auraient de quoi pâlir à la vue du palmarès du Nobel. Et pour cause, en cent ans d'existence, 34 femmes seulement ont été récompensées sur un total de 748 lauréats, soit 4,5% ! Pourtant, tout s'annonçait bien pour la gent féminine : Marie Curie n'a attendu que deux ans après la création du prix pour se voir décerner le Nobel de Physique, avant de renouveler l'exploit dans la catégorie chimie en 1911.
          Par la suite, peu de femmes ont eu l'occasion de reprendre le flambeau. Une faible représentativité particulièrement criante dans les disciplines scientifiques, puisque douze femmes seulement ont été récompensées depuis 1901 en physique, chimie et médecine. Nombre de chimistes et physiciennes de l'envergure de Rosalind Franklin (recherches sur l'ADN) et Lise Meiner (fission nucléaire) se sont ainsi vu "souffler" le Nobel au profit des chercheurs dont elles avaient largement contribué à faire avancer les travaux.

          Discrimination positive ?

          A l'aube de l'égalitarisme sexuel, le constat est rude et ne sonne pas très "politiquement correct". On ne s'étonnera donc pas que, depuis quelques années déjà, l'Institution Nobel se montre soucieuse de corriger ce retard.

          Certains diront même que le doublé féminin du palmarès 2004, loin d'être fortuit, tient en grande partie à cette volonté, inconsciente ou affirmée, de mettre en avant les femmes. Une sorte de discrimination positive officieuse en somme. D'ailleurs, dans les coulisses du Nobel de Littérature la rumeur avait ébruité depuis bien longtemps le désir du jury de couronner une femme. La consécration d'Elfriede Jelinek, en tant que dixième femme à recevoir la prestigieuse distinction, n'en a été que la confirmation officielle. Le casting du Nobel de la Paix semble lui aussi se féminiser d'année en année puisque Wangari Maathai succède à l'avocate iranienne Chirine Ebadi.
          Le renouvellement partiel du jury norvégien y est certainement pour quelque chose : les femmes y sont désormais plus nombreuses.

          Chapeau bas, mesdames !

          Mais ne perdons pas de vue l'essentiel. L'appartenance au beau sexe ne fait pas tout et à force de donner tant de bonnes raisons politiques et calculées de louer les femmes, on risque d'en oublier la principale : l'oeuvre et l'action des lauréates. Car dans son fameux testament, le savant suédois demandait que les revenus de son immense fortune aillent "sous la forme de prix à ceux qui, dans l'année écoulée auraient rendu les plus grands services à l'humanité". Alors, deux femmes nobelisées, oui, mais surtout deux femmes de talent !

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