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          LA LINGERIE Porter la culotte

          LA LINGERIE

          Symbole de féminité, l'histoire de la lingerie est liée à celle de la libération des femmes. En 1968, elles brûlaient leur soutien-gorge pour revendiquer leurs droits et leur liberté. Aujourd'hui, les Françaises dépensent 19 % de leur budget vestimentaire en lingerie. Une centaine d'euros par an pour ajouter cinq strings ou culottes et deux soutiens-gorge à leur penderie.

          "Il faut souffrir pour être belle." Etrange logique que toute femme s'est pourtant vue asséner, et ce depuis des siècles. Dans l'Antiquité, les femmes se compressaient la poitrine dans des bandelettes pour correspondre aux canons de beauté contemporains. Plus tard, le corset a entravé le corps de plusieurs générations de membres du "beau sexe". Certes sculpturales avec leur taille fine et leur poitrine débordante, ces femmes bénéficiaient aussi des inconvénients d'un corset comprimant le buste au-delà du bon sens : malaises, côtes cassées et parfois même déplacement d'organes et fausses couches. Au début du XXe siècle, la torture prend fin. En parallèle s'est mené un autre combat : celui de la culotte.

          Les filles bien ne portent pas de culotte

          de Victor FlemingVivien Leigh dans Autant en emporte le vent, de Victor FlemingJusqu'en 1850, les femmes ne portent rien sous leurs jupes. La lingerie fermée est rigoureusement réservée aux hommes et la culotte, qui attire l'oeil là où elle ne devrait pas, est l'apanage des prostituées. Durant la seconde moitié du XIXe, quelques chutes de cheval aidant à démontrer l'intérêt de porter un pantalon sous ses jupes, celui-ci devient acceptable. Il se doit néanmoins d'être ouvert d'une large fente à l'entrejambe. Vers 1900, cette culotte-pantalon se ferme enfin, pour devenir "petite" quelques années plus tard. Comme l'expliquent Geneviève Fraisse et Michelle Perrot dans leur 'Histoire des femmes en Occident' (1), cette évolution n'est pas anecdotique, au XIXe siècle : "La culotte est synonyme de masculinité. La porter revenait à réclamer des droits égaux à ceux des hommes."

          Mettre le feu aux soutiens-gorge

          (c) DRFreedom trash can, (c) DRLa culotte enfilée, les femmes restent malgré tout enfermées dans leur rôle de maîtresse de maison. Avec les années 1960, elles participent de l'explosion de revendications et brûlent leur soutien-gorge. Ou presque : l'autodafé de lingerie n'eut en réalité jamais lieu. En septembre 1968, un groupe de féministes new-yorkaises avait en effet prévu de brûler des soutiens-gorge pour protester contre l'élection, qu'elles jugent rétrograde, de Miss America. N'ayant pas l'autorisation de faire un feu sur la voie publique, les demoiselles se contentent finalement de jeter leur soutien-gorge dans des poubelles. Les journalistes auraient par la suite recréé l'événement, le mélangeant avec les manifestions contre la guerre du Vietnam où des ordres d'incorporation étaient, cette fois, réellement brûlés. (2) Au-delà de cette légende urbaine, dans les années 1970, les piquets de grève devant les magasins de lingerie, eux, sont bien réels. Le soutien-gorge est perçu comme un symbole d'une oppression subie par les femmes sans même qu'elles ne s'en rendent compte. Le signe qu'elles ont été "séduites par des rituels esthétiques et contraintes de se conformer à l'idéal imposé par la société." (3) Mais, comme l'avait prévu un ponte américain de la lingerie, la loi de la pesanteur fut plus forte.

          Une belle femme a les cheveux longs

          Les femmes reviennent rapidement au soutien-gorge. La pression sociale est trop forte : il faut être belle et pour cela mettre l'emphase sur sa féminité. A longueur de journée, publicités, émissions télévisées et magazines envoient ce message. La lingerie demeure la pièce d'habillement la plus emblématique de la féminité : sans parler de son aspect pratique, impossible de s'en passer. D'autant que l'homme est lui aussi soumis à ces stimulus normatifs qui forgent son goût pour une femme très "femme". Dans les années 1980-90, le corset devient intérieur : il faut modeler son corps à tout prix, être mince, musclée. La faute n'est plus de jouir de son corps mais de le laisser se dégrader ou de ne pas tout faire pour atteindre des canons de beauté irréalistes. De grâce, la beauté est devenue norme éthique. C'est l'avènement du 90-60-90, la mode des poitrines énormes sur une taille de guêpe.

          (1) Geneviève Fraisse et Michelle Perrot (dir.), 'Histoire des femmes en Occident – Tome IV - Le XIXe siècle', Plon, 1991.
          (2) et (3) Caroline Cox,
          'Lingerie : langages du style', éditions du Collectionneur, 2000.

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