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          LA MENACE DES FETES Le vrai visage du père Noël

          LA MENACE DES FETES

          Psychologiquement castrateur, le père Noël est l'un de ces grands mensonges qui jalonnent l'enfance, laissant à un monde imaginaire, plein d'espoir et hautement moral, le goût amer de l'angoisse et de la trahison parentale. La blessure semble indélébile, alors pourquoi reconduire ce mythe de génération en génération ?

          Dupés par leurs propres parents - ces êtres en qui la confiance était infinie -, les individus persistent à faire subir à leur progéniture la même souffrance. Vengeance ou inconscience ? Le fantasme du merveilleux - ce monde perdu que les parents cherchent à retrouver via la croyance de leur enfant - semble déboucher directement sur la légitimation du mythe. Comprendre que le père Noël n'existe pas fait émerger un principe de réalité - lié à un terrible processus de désidéalisation parentale - que la période de Noël réactive. Le désir de se défaire du monde réel pousse à en construire un nouveau, fait de dinde, de foie gras, ou encore de bûche, version morte et horizontale de la verticalité lumineuse du sapin. L'ambivalence du sentiment paternel devant la naissance d'un fils expliquerait peut-être le phénomène - ce père qui goûte, à cette occasion, sa propre mort, menacé par un double qui le remplacera (et aimé de sa propre femme !). La protection du nouveau-né recouvrirait par le même élan un désir de meurtre, psychanalytiquement identifié et repris dans de nombreuses figures populaires (l'ogre, Hérode et le ''massacre des Innocents'', etc.). En regardant de plus près les traditions qui ont conduit à la version contemporaine de la fête, le père Noël n'est pas étranger à la fonction fantasmatique d'une forme de pédophagie.

          Donc l'esprit de Noël, c'est...?

          Le succès de la version profane de Noël et son universalisation récente sont sûrement dus au fort pouvoir syncrétique d'une tradition qui puise ses origines dans plusieurs mythes remontant jusqu'à la Grèce de Dionysos. Célébration laïque de la naissance du Christ, le père Noël est le dernier avatar d'institutions récurrentes qui ont persisté d'une civilisation à l'autre. A commencer par le choix de la date. Fêter le 25 décembre la naissance du Christ se décide au IVe siècle, après de nombreux conciles au cours desquels s'opposent les différentes églises d'Europe et d'Orient. Les chrétiens - dont la religion est encore fragile politiquement - souhaitent par cette nouvelle célébration faire de l'ombre à la fête païenne, envahissante à leurs yeux, dédiée au dieu Mithra et à la renaissance du soleil (Sol Invictus), ayant lieu pendant le solstice d'hiver. Et cette nouvelle célébration chrétienne retient la mémoire des fêtes païennes. Les Saturnales, tout d'abord, ces festivités romaines célébrées en famille. Au cours d'un festin, le père de famille affirme son rôle de protecteur contre la menace des défunts en jetant dans la maison des fèves ayant le pouvoir d'éloigner les mauvais esprits. Les Saturnales sont elles-mêmes héritières de fêtes grecques qui célébraient le cycle de la vie et de la mort au cours de trois jours de fastueux repas. Dionysos à l'honneur, le vin nouveau se partage dans une coupe commune. Le deuxième jour est dédié à l'accouplement (la vie, donc) tandis qu'au troisième jour, le culte des morts est honoré et exprimé avec toute la charge de culpabilité que les vivants peuvent ressentir à leur égard.

          Une fête de fous

          Au tout début de la chrétienté, les païens célébraient une fête dite ''des fous''. Entre débauche sexuelle et longues beuveries, les rôles hiérarchiques s'inversent. Les esclaves prennent la place de leurs maîtres. Durant cette période qui s'étend du 25 au 28 décembre, un roi est élu, le ''roi des fous'', via une fève (encore) cachée dans la pâte d'une... galette. Censée représenter l'enfant Jésus, cette fève est ''avalée'', puis recrachée dans le verre de vin. Symboliquement, le roi est encore ce père qui engloutit l'enfant avant de, frustré, le laisser vivre (et donc accepter de mourir soi-même ?). Les Rois Mages - à qui l'on doit la notion de cadeaux héritée de leur or, encens et myrrhe bibliques - protègent eux aussi l'enfant divin en cachant au père son lieu de naissance.

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