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          POPEYE DANS LE DOMAINE PUBLIC Jetez l'encre

          POPEYE DANS LE DOMAINE PUBLIC

          Inspirez-vous de l'actualité

          (c) DROlive, (c) DRPendant la Seconde Guerre mondiale, certains soldats de l'US Navy se faisaient tatouer une ancre sur le bras, à la manière de Popeye. La fiction dépasse parfois la réalité : entre 1941 et 1943, pas moins de douze cartoons se rapportent au conflit. (3) Dans 'The Mighty Navy' (1941), comble de l'absurde, le marin rate les tests d'entrée dans la Navy (il l'intégrera néanmoins et arborera dès lors sa tenue blanche) ! Dans 'Seein' Red, White 'n' Blue', lui et Bluto s'allient pour corriger Hirohito puis Hitler (qui en perd sa moustache). Dans 'Spinach Fer Britain' (1943), il livre une cargaison d'épinards devant le 10 Downing Street, à Londres, après avoir pris possession d'un sous-marin nazi. Mais Popeye n'a pas toujours été ce bon soldat. "Dans 'Spinachnova', il manipule les gens, rappelle Florence Cestac, en référence à cette BD quasi pacifiste de Segar (1933) où le héros dirige son propre pays. Cela traite de problèmes politiques, ce n'est pas n'importe quoi." A la fin de l'histoire, devant son inaptitude à la dictature, Popeye offre sa terre aux Indiens. "J'ai l'air d'un cow-boy ?"... Attardons-nous également sur Wimpy (Gontran pour les Français), l'éternel pique-assiette dont le régime alimentaire, loin d'inclure des épinards, ne se compose que de hamburgers. Comment ne pas voir chez ce personnage apparu dans la foulée de la crise de 1929, habillé comme un banquier mais incapable de s'acheter à manger (4), le reflet humoristique d'une Amérique nantie se réveillant du krach le ventre vide ? Popeye et sa bande sont les témoins de leur époque. En vrac, quelques idées d'intrigues pour vos créations futures : 'Popeye démonte un trader' ou 'Bluto membre d'Al-Qaïda'...

          Ne plaisantez pas avec les épinards !

          Il est aisé de deviner où Goscinny a pioché l'idée de la potion magique d'Astérix. Les épinards, dans Popeye, sont un personnage à part entière, et pas seulement parce qu'ils sautent d'eux-mêmes dans la bouche de celui qui les consomme. Dans les strips de Segar, le marin possédait naturellement sa force surhumaine. L'arrivée du dessin animé va les consacrer, chaque épisode s'articulant autour de leur ingurgitation, précédée d'une musique caractéristique. Les scénaristes en joueront avec ingéniosité : dans 'Wotta Nightmare' (1939), Popeye chute d'une falaise ; la musique des épinards se fait alors entendre… sauf qu'il tire de sa veste une boîte de carottes ! Au gré des épisodes, Olive, Bluto, Mimosa, une poule, une souris, des insectes (mais toujours pas Obélix) en ont avalé. Et chaque fois, leur force a décuplé. Idéal pour convaincre les enfants des bienfaits des légumes... Depuis, Popeye et ses épinards ne font qu'un. Nombre d'enseignes potagères ont utilisé l'image du marin. Quant au long métrage 'Popeye', réalisé par Robert Altman en 1980, il s'est mis les fans du héros à dos, au motif qu'il lui faisait dire : "Je déteste les épinards."

          Ne faites pas de film

          (c) DRAffiche du film de Robert Altman, (c) DRRobert Altman, donc. Pas vraiment Max Pecas, plutôt un cinéaste respecté. D'ailleurs, 'Popeye' est plutôt distrayant et les acteurs ressemblent aux personnages : Dustin Hoffman ayant décliné le rôle, Robin Williams fut choisi pour donner chair et os au marin. Le film constituerait même un honnête divertissement s'il n'était gâché - comme toute production Disney - par des passages chantés. Sans parler du scandale des épinards évoqué plus haut. Bref, 'Popeye' ne fera pas recette. Au-delà de ce seul exemple, on peut se demander s'il est possible d'adapter au cinéma l'univers très cartoon de Segar. Les prothèses que Robin Williams porte aux avant-bras dans le film de Robert Altman traduisent cette gageure. Avec la mort de Sim, le marin a en plus perdu l'un des derniers sosies susceptibles de l'incarner. Et il ne va pas être simple de convaincre le footballeur de Manchester United, Wayne Rooney, de se lancer dans la comédie... La compagnie Marvel a choisi, elle, de contourner le problème et annoncé fin septembre la préparation d'un film sur Popeye en images de synthèse.

          De l'utilité de remettre le marin à flot…

          (c) Florence CestacStrip réalisé pour l'exposition '100 pour 100', Cité de la BD d'Angoulême, (c) Florence CestacA la lumière de ces quelques exemples, il semble évident, malgré son âge, que Popeye fait rire. Mais il se fait rare. Ses cartoons ne sont plus diffusés qu'irrégulièrement. Aucun illustré français ne publie ses aventures. "Il est un peu tombé dans l'oubli" déplore Florence Cestac, elle-même à l'origine des rééditions de l'intégrale de Segar chez Futuropolis. "C'est à cause de dessinateurs pas drôles." En effet, d'histoires aseptisées en modernisations ringardes, Popeye a perdu ce politiquement incorrect qui faisait son charme. "Ses aventures paraissent encore dans des journaux américains", se console l'auteur du 'Démon de midi'. Mais aux yeux de l'Europe, où sa gloire est passée par le petit écran, Popeye n'a livré aucun matériel original (dans tous les sens du terme) depuis l'horrible série 'Popeye and Son' de 1987, qui le montrait en père de famille rangé, sa tenue de marin troquée contre une chemise hawaïenne. En d'autres temps, il serait sorti de l'écran pour tabasser les scénaristes…

          (3) Jugés propagandistes, ces épisodes, pourtant plus drôles que méchants, ne sont plus diffusés.
          (4) Sa plus fameuse réplique : "Je serais ravi de vous payer mardi pour un hamburger acheté aujourd'hui."

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