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          L'HUMANITAIRE EN QUESTION 1/3 Faut-il boycotter le Téléthon ?

          L'HUMANITAIRE EN QUESTION 1/3

          En critiquant vertement le Téléthon, Pierre Bergé a lancé la polémique. L'événement se tiendra comme prévu les 4 et 5 décembre prochains. Faut-il le boycotter ou se ranger du côté de ses défenseurs ? Le débat est lancé. Mais peut-être se trompe-t-on de polémique.

          "Le Téléthon parasite la générosité des Français d'une manière populiste." Une pluie de critiques s'est abattue sur Pierre Bergé pour avoir osé prononcer ces quelques mots, et avoir affirmé que "100 millions pour le Téléthon ne servent à rien". Le président du Sidaction considère que l'association récolte plus de dons que nécessaire, dons qui seraient davantage utiles à d'autres causes. Incrimination justifiée ? Oui et non. Il est vrai que l'argent de la générosité n'est pas extensible à l'infini et, de fait, ce qui est donné à une cause n'ira pas à l'autre. Mais le Téléthon et ses 100 millions d'euros pour la recherche sont-ils vraiment une cible légitime ? Le problème ne résiderait-il pas plutôt dans le fait que ce qui devrait relever du service public se trouve entre les mains d'associations ?

          Justice sociale ou charité

          La recherche fait partie des missions de l'Etat, comme le souligne l'existence du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche. Elle est financée, et se doit de l'être, par nos impôts. Alors pourquoi sommes-nous supposés y contribuer à nouveau, comme à d'autres missions de service public, via des associations ? La question est rarement posée, tant certains événements caritatifs font figure de rendez-vous populaires incontournables. Pourtant, il existe une justice sociale à laquelle chacun est déjà associé à travers ses impôts. Qu'il s'agisse de recherche ou d'accès au minimum vital des personnes dans le besoin, c'est par cette solidarité nationale et non pas par des dons de particuliers que l'on devrait répondre : prendre l'habitude que des artistes ou associations fassent la quête pour un problème ne le résout pas. Comme l'a expliqué Pascal Bruckner : "Il y a deux façons de noyer un problème : ou l'oublier, ou le dissoudre dans l'outrance et accroître la confusion des valeurs. A traiter la question de la faim comme si elle relevait d'une simple attitude morale, on truque les choix dans une philanthropie à l'eau de rose qui insensibilise efficacement la conscience." (1)

          Des pièces jaunes pour un système hospitalier

          Ainsi, les Restos du coeur, qui servaient 58 millions de repas en 2000-2001 et 70 millions en 2005-2006, en ont distribué 100 millions en 2008-2009. (2) L'association insiste sur le fait que "les conditions de la précarité ne sont pas dues exclusivement aux contingences économiques" et que "les facteurs véritables sont bien plus insidieux et pérennes". "Pérennes". "Structurels". Des facteurs sur lesquels l'Etat devrait intervenir. Dans le même registre, on peut s'interroger quant à la pertinence de l'Opération pièces jaunes. Bernadette Chirac, première dame de France à l'époque, fait la mendicité pour permettre le fonctionnement convenable d'une structure publique - les hôpitaux - et personne ne s'en offusque. On peut pourtant difficilement trouver plus aberrant : la femme de celui qui a le pouvoir de changer les choses demande clairement aux particuliers de piocher dans leurs économies pour assurer un service public...

          (1) Pascal Bruckner, 'Le Sanglot de l'homme blanc', Paris, Le Seuil, 1986.
          (2) Plaquette de présentation de la 25e campagne des Restos du coeur 2009-2010.

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