Barbara Cassin

C'est auprès des plus grands que cette spécialiste de la Grèce ancienne débute sa carrière de philosophe et de philologue. Agée d'à peine 22 ans, elle participe au séminaire du Thor organisé par Martin Heidegger en 1969 chez René Char. Très intéressée par la pensée heideggerienne, elle soutient une première thèse en 1974, à Lille, sous la direction de Jean Bollack. Son travail tend surtout à définir les rapports qu'entretiennent la sophistique et la rhétorique avec ce qui était considéré comme purement philosophique dans l'antiquité grecque. De là, elle organise plusieurs séminaires dont un intitulé ‘Qu'est-ce que la sophistique ?’ au Centre culturel international de Cerisy-la-Salle. Ses recherches se poursuivent au Collège international de philosophie dont elle assure la direction de 1988 à 1992. La même année, elle publie ‘Nos Grecs et leurs modernes’, qui met en lumière la philosophie contemporaine à la lueur des fondamentaux de la pensée antique. Cet axe de recherche devient l'un des points essentiels d'une autre thèse soutenue en 1994 à la Sorbonne sous la direction de Pierre Aubenque. Habitée par la nécessité d'aborder la philosophie comme une science dynamique et non figée, les recherches de la philosophe s'axent également autour de la langue. Ainsi, Barbara Cassin, aidée d'une centaine de chercheurs placés sous sa direction, entreprend dans les années 1990 la rédaction d'un dictionnaire qui regroupe le vocabulaire des grands concepts philosophiques européens. Le ‘Dictionnaire des intraduisibles’, voit le jour en octobre 2004. Egalement auteur de ‘Google-moi’ en 2007 qui s'interroge sur le concept de démocratie culturelle, Barbara Cassin est une intellectuelle engagée qui se bat contre la paupérisation de la culture et de la recherche.