Esther Shalev-Gerz

Après des études d'art et de design à Jérusalem, Esther Shalev-Gerz développe dès 1984, date de son installation à Paris, une oeuvre questionnant la mémoire collective et son interaction avec l'histoire individuelle et le souvenir. A travers divers supports artistiques tels que la sculpture, la vidéo ou la photographie, elle fait d'abord projet commun avec son mari Jochen Gerz ; ensemble, ils s'intéressent plus particulièrement à la Seconde Guerre mondiale et à l'Holocauste, comme en témoigne leur 'Monument contre le fascisme' (construit en 1986 à Hambourg), colonne de plomb imposante sur laquelle les passants sont invités à graver leur nom. Esther Shalev-Gerz et son mari poursuivent ce travail sur la nécessité d'une conscience historique en édifiant en 1991 un 'Monument contre le racisme' ; pour ce faire, ils font notamment inscrire sur l'envers de la place de Sarrebrück le nom des 2.243 cimetières juifs d'Allemagne. Si le couple se sépare en 1998, cela n'empêche pas Esther Shalev-Gerz de continuer à travailler à titre individuel, et d'explorer le passé pour en faire un outil de compréhension du présent. Elle recueille ainsi des témoignages filmés ou écrits, interroge les liens entre communauté et individualité, comme le montrent ses 'Portraits des Histoires', représentations de quartiers à travers le point de vue de leurs habitants ('Le Passage des juifs', 1997-2000 ou 'Est-ce que ton image me regarde ?', 2002). Après de nombreuses expositions, Esther Shalev-Grez ne cesse de revenir sur ces problématiques, amenant les spectateurs à un positionnement toujours renouvelé face à l'Histoire.