Robert Filliou

Pensée comme un jeu, l'oeuvre de Robert Filliou s'envisage comme un travail conjoint sur les mots, les sons, les images, dans le but d'une remise en question des fondements mêmes de la création. Engagé très tôt dans la résistance, puis diplômé d'économie politique, il emprunte pourtant un tout autre chemin dans les années 1950 et décide de se consacrer au théâtre et à la poésie. Une décision à laquelle ne sont pas étrangères ses rencontres avec Daniel Spoerri, qui lui fait connaître l'avant-garde artistique, ainsi qu'Emett Williams, avec lequel il entame une collaboration fructueuse. Il commence à écrire des pièces de théâtre : 'C’est l’ange', 'Soumission au possible'… Parmi ses première oeuvres, l’'Étude d’acheminement de poèmes en petite vitesse', qui propose l’envoi par la poste de poèmes-objets, ou 'La Sémantique générale', un alphabet illustré, ouvrent sur un territoire original s’étendant entre objets, action et poésie. Après un séjour à New York en 1964, Robert Filliou ouvre avec George Brecht la galerie La Cédille qui sourit, à Villefranche-sur-mer, entre juillet 1965 et mars 1968, première incarnation d’un ''Centre international de création permanente''. Si sa participation au mouvement Fluxus reste limitée, son oeuvre ultérieure en incarne tout l’esprit. De l’'Autrisme' (''quoi que tu fasses, fais autre chose'') au 'Principe d’équivalence' (entre le ''Bien-fait'', le ''Mal-fait'' et le 'Pas-fait''), de la 'Création permanente' au 'Territoire de la République géniale', l’art est pour lui l’instrument d’une utopie sociale, valorisant la création dans la vie quotidienne.