Thierry Raspail

Il suffit de se pencher sur son parcours pour déceler l’opiniâtreté de Thierry Raspail, directeur du musée d’Art contemporain de Lyon. Issu du milieu ouvrier grenoblois, il s’engage après son bac dans une formation d’histoire de l’art. Maurice Besset, professeur et ancien directeur du musée de Peinture de Grenoble le regarde se “faire” lui-même et aiguiser sa conception de la muséographie. Alors qu’il assiste le nouveau directeur du musée, il obtient son doctorat en 1979 pour lequel il prône une conception primordiale de la sensibilité à l’oeuvre qui, sans annihiler le rôle du musée, lui donne une dimension secondaire. Il a vite l’occasion de mettre ses principes en application, d’abord au Mali où il élabore la muséographie du musée national de Bamako. Il est ensuite invité en 1983 à concevoir la manifestation Octobre des arts, alors mise en place par la ville de Lyon pour concurrencer une Biennale de Paris déclinante. C’est pour lui l’occasion de diriger la nouvelle section d’art contemporain, à l’époque créée sur 975m2 du musée des Beaux-Arts de Lyon. Il lui faudra une décennie pour donner à cet espace son indépendance et le statut de musée d’art contemporain. Dix ans d’adaptation aux nombreux changements politiques, de concurrence avec l’Institut d’art contemporain de Villeurbanne, de résistance aux détracteurs d’une programmation conceptuelle et pointue. Mais aussi d’efforts acharnés pour rassembler un public enthousiaste. En 1991, Thierry Raspail remplace Octobre des arts par la Biennale d’art contemporain, dont le succès ne s’est jamais démenti mais dont la pérennité et la sédentarité sera aussi un long combat. Aventurier, têtu, bagarreur et fin stratège, le parcours de Thierry Raspail se fond dans l’histoire du musée et de sa collection avant-gardiste, dont il partage avec son collaborateur de toujours, Thierry Prat, toute la responsabilité du succès.