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          PORTRAIT DE BARACK OBAMA Une nouvelle Amérique ?

          PORTRAIT DE BARACK OBAMA

          Un virage à gauche

          Sur les questions intérieures, le sénateur de l'Illinois se situe aussi très à gauche de l'échiquier politique américain. De 1985 à 1987, il a été travailleur social dans les quartiers défavorisés de Chicago. De cette période lui vient l'envie de faire de la politique : il prend conscience que pour réellement améliorer la vie des gens, l'action à l'échelle locale n'est pas suffisante. Barack Obama souhaite donner une tout autre direction au système social américain. Il projette tout d'abord de transférer une plus grande part du fardeau fiscal vers les plus riches et de mettre en place une couverture santé universelle. Il veut améliorer l'accès à la contraception et défend le droit à l'avortement. Obama adopte aussi une position assez neutre sur le mariage homosexuel. Sans souhaiter son interdiction ou sa légalisation, il se dit en faveur d'une union civile des personnes du même sexe.

          Cette modération se retrouve dans sa façon d'aborder la religion. Ce féru de Shakespeare s'est converti au christianisme à l'âge adulte. Il dit y avoir retrouvé les valeurs que sa mère agnostique lui avait inculquées. Le sénateur croit en l'importance de la séparation de l'Eglise et de l'Etat et avoue ses doutes quant à l'existence d'une vie après la mort. Une position peu banale aux Etats-Unis où 48 % des personnes interrogées refuseraient de voter pour un athée, alors que seules 17 % ne voudraient pas donner leur voix à un Mormon... (7) Obama s'est attiré les foudres des chrétiens fondamentalistes en affirmant en avril dernier qu'il n'était "pas surprenant" que les gens des petites villes où les emplois se sont volatilisés depuis 25 ans "s'accrochent aux armes ou à la religion" et "développent une hostilité envers ceux qui ne sont pas comme eux". Ces propos lui ont aussi créé quelques inimitiés à la NRA. Le lobby des armes se prononçait déjà contre Obama qui défend une loi interdisant le port d'arme dissimulé.

          Le messie

          En 2004, après la défaite de John Kerry face à George W. Bush, certains analystes affirmaient que les démocrates devraient changer de stratégie. Leur candidat était certes brillant, mais cela lui donnait une image d'intellectuel déconnecté des masses. L'idée : choisir un brave type rassembleur, quitte à ce qu'il soit plus médiocre, mais bien entouré afin qu'il remporte la campagne et que l'équipe gère par la suite le pays. Un type capable d'expliquer à la presse sans ciller qu'il devrait écouter sa maman et mieux mâcher les bretzels. Bref, trouver un Bush démocrate. Finalement, le camp de Kerry a fait mieux. En 2008, son candidat est non seulement un bon client - grand, éloquent, jeune, avec une histoire et un contact facile -, mais en plus le bonhomme est brillant et extrêmement bien entouré. Les chances de gagner pourraient difficilement être meilleures, surtout avec le rejet global des mandats Bush par les Américains. Certes, Obama peut sembler jeune et inexpérimenté. Cela n'a pas empêché John Fitzgerald Kennedy, de trois ans plus jeune qu'Obama, de gagner en 1960. Et puis le sénateur de l'Illinois fait campagne sur le changement, l'espoir : "Je ne vous demande pas seulement de croire en ma capacité d'amener un changement réel à Washington, je vous demande de croire en la vôtre." Son message est résolument optimiste, et peut-être est-ce ce dont les Américains ont le plus besoin aujourd'hui. Un homme qui a l'audace d'espérer, qui redonne foi en l'american dream à coups de "Yes, we can", son slogan de campagne. Sa foi en lui-même et en le peuple américain transpire de tous ses discours. Le plus marquant reste celui prononcé le 18 mars à Philadelphie. Il y déclare son envie de continuer la "marche pour une Amérique plus juste, plus égale, plus libre, plus attentionnée et plus prospère" et affirme être "profondément convaincu que nous ne pourrons résoudre les défis de notre époque si nous ne les résolvons pas ensemble."

          En novembre, les Américains auront le choix entre un homme expérimenté et ce qui peut sembler être un saut dans le vide. Comme les Français, ils feront peut-être le pari du changement. Même en prenant les meilleures décisions, il apparaît difficile de régler en quatre ans tous les problèmes laissés par l'administration Bush. Avec ses airs de messie, Barack Obama aura du mal à ne pas laisser Américains comme citoyens du monde sur leur faim : la déception est toujours à la hauteur des espoirs suscités. Espérons pour Barack Obama que s'il est élu, il n'atteindra pas l'impopularité de notre président.


          (7) A noter que 5 % refuseraient de voter pour un Noir et 12 % de donner leur voix à une femme - Sondage Gallup, décembre 2007.

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