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          INTERVIEW DE FRANCIS ZEGUT

          Aux débuts d'Internet, lorsqu'on tapait "Smashing Pumpkins" dans son moteur de recherche, on tombait d'abord sur des sites de fans. Internet était fait par les internautes. Aujourd'hui, Google nous conduit tout de suite vers des sites marchands…

          Le système Google met en avant les sites les plus visités. Il faut aller chercher dans les pages oubliées, c'est ce que je fais. Il y a toujours moyen de contourner le marketing, c'est comme ça depuis toujours. Prenez les hackers : le but du jeu pour les mecs qui font de l'informatique, c'est d'aller plomber le système qu'il y a en face. Il faut de l'alternatif partout.

          Myspace a pu jouer ce rôle. Mais aujourd'hui, même les Beatles ont le leur. C'est un outil promotionnel ou un moyen d'élargir l'offre musicale ?

          Un outil promotionnel, indéniablement. Facebook, Youtube et tous les sites communautaires, c'est de la pub virale. En même temps, ça a l'avantage d'être instantané. Si un mec cherche le clip qu'il n'a pas vu à la télé, il va le trouver puis tomber sur autre chose : ça existe ? C'est déjà sorti ? Cela amène toujours de la matière à ta curiosité.

          L'avenir de la radio, c'est Deezer ?

          Les webradios vont passer le cap d'Internet. Le mois dernier, je suis allé en Angleterre où ils captent le WiFi dans les bus, donc tu peux écouter ces radios en allant au boulot. Bientôt, avec l'arrivée du Wimax, elles seront dans les bagnoles. Les radios traditionnelles vont devoir se remettre en question à un moment ou un autre pour ne pas disparaître. Elles devront mettre davantage de contenu.

          Les animateurs sont-ils en voie de disparition ?

          Tu auras beau écouter une webradio avec 100 % de musique que tu aimes, si tu n'entends pas quelques news de temps en temps, une date de concert ou un mec qui donne son avis sur la musique, la cuisine landaise ou la formule 1, au bout d'une semaine, tu vas t'ennuyer.

          Dans quelle mesure Internet a influencé la création musicale elle-même ?

          Photo (c) DR Ce n'est pas qu'Internet, c'est l'ère numérique dans son ensemble. Dans les années 1970 ou 1980, il existait ce qu'on appelait des requins de studio. On les retrouvait musiciens de sessions pour des dizaines de groupes. Ils ont presque complètement disparu avec l'ère numérique. Aujourd'hui, tu peux composer en tapant sur un clavier avec des logiciels. Tout s'est démocratisé.

          Pourtant, on n'a pas l'impression que le succès, lui, se soit à ce point démocratisé.

          Parce qu'il n'existe pas de recette. On peut de temps en temps fabriquer une musique avant de trouver les musiciens : c'était le cas de Boney M, le producteur enregistrait sa voix à la place de celle du chanteur. Mais un directeur artistique peut aussi se planter. Il développe un produit, la grosse artillerie est mise en route pour que ça fonctionne et ça ne fonctionne pas. C'est la magie de la musique : il faut arriver avec le bon morceau au bon moment.

          Depuis deux ans, vous avez lancé un blog. Dans quel but ?

          Je voulais avoir un endroit où je parle de la musique que j'aime et où je puisse mettre les archives que j'ai depuis longtemps. L'avantage d'Internet, c'est la prise directe avec les gens. A la radio, tu imagines qu'il y a des gens qui t'écoutent de l'autre côté mais tu ne les rencontres que quinze ou vingt ans plus tard. Alors que sur le blog, quand tu postes un message, tu obtiens une réponse tout de suite derrière. Le mec a beau vivre à l'autre bout du monde, il correspond avec toi, il te dit s'il n'est pas d'accord avec ceci ou cela… C'est aussi un bon moyen de faire son autocritique.

          Que ferez-vous en 2018 ?

          Je me vois au bord de la mer, sur le golfe du Morbihan, dans une petite maison avec une petite baie vitrée… Je continuerai à alimenter le Net, je ferai une webradio avec du contenu et je remonterai deux, trois fois sur Paris pour voir des concerts.

          Difficile d'imaginer comment sera distribuée la musique à ce moment-là... Finalement, vaut-il mieux être fan de musique maintenant ou il y a 30 ans ?

          Ce qui change, c'est le mode de transport et l'utilisation de la musique. Est-ce que c'est plus rapide maintenant ? Oui. Plus ouvert ? Oui. Mais un fan de musique reste un fan de musique, en 1970 comme en 2000. Le moyen de les diffuser a évolué mais la passion et l'émotion, elles, ne peuvent être capturées.

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