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          ELECTIONS AMERICAINES Le politique en question(s)

          ELECTIONS AMERICAINES

          L'élection d'un candidat plutôt que l'autre engendrera-t-elle une différence réelle dans les rapports franco-américains ?

          L'Union européenne et, a fortiori, la France sont absentes du programme des deux candidats : la campagne se structure autour des points de discorde, il n'y en a pas sur ces sujets, donc ils n'en parlent pas. La France est plutôt regardée avec bienveillance, pas comme un enjeu politique. Là où l'élection de l'un ou l'autre des candidats va vraiment avoir un impact, c'est plutôt du côté français. Si John McCain est élu, on risque d'entendre un discours assez négatif et caricatural : beaucoup de gens le présenteront comme un continuateur de George W. Bush. Or McCain est conservateur, pas néoconservateur ; il ne veut pas traquer les terroristes jusque dans les grottes ou exporter la démocratie par les armes. Il marque une rupture par rapport à George W. Bush. Si c'est Barack Obama qui est élu, de façon peut-être affective et romantique plus que rationnelle, on aura sans doute un discours sur "l'autre Amérique" ou "l'Amérique qu'on aime". Ca n'ira peut-être pas jusqu'à de l'américanophilie, mais marquera certainement un déclin de l'antiaméricanisme.

          Au vu de la crise actuelle, quelle marge de manoeuvre aura le président pour appliquer son programme ?

          La crise peut amplifier l'écart qui existe toujours aux Etats-Unis entre programme annoncé et application après la prise de fonction. Ce phénomène est dû à la séparation des pouvoirs : le président ne choisit pas librement les gens qui travaillent avec lui, mais propose un cabinet que le Congrès peut refuser. Le Congrès se sert d'ailleurs très largement de ce droit, même lorsqu'il est de la même couleur politique que le président. L'exécutif américain est donc beaucoup moins homogène, beaucoup moins structuré autour d'un chef qu'en France. La Maison Blanche n'a pas toujours les moyens d'imposer ses positions. Il y a vraiment une pluralité des pouvoirs et des responsabilités qui fait que ce n'est pas aussi simple qu'en France, pour un président, de mettre en oeuvre une politique. Beaucoup de questions sont d'ailleurs débattues au moment de la mise en place du cabinet. On est loin de cette discrétion française avec laquelle le président fraîchement élu nomme son Premier ministre. Aux USA, il y a presque une deuxième campagne après la campagne.

          Les Américains élisent donc un candidat sans réellement savoir ce qu'il va faire ?

          On sait ce qu'il a l'intention d'entreprendre, pas ce qu'il va faire. Ca paraît absurde puisque c'est sans doute la personne la plus puissante du pays. Toutefois, il faut se souvenir que le pays est non seulement doté d'un régime fédéral mais aussi d'une séparation forte des trois pouvoirs judiciaire, législatif et exécutif. Le président n'est "que" le président ! Certes, depuis 1945, tout le monde s'accorde à dire que parmi les trois pouvoirs, le pouvoir présidentiel a pris une sorte d'ascendant sur les deux autres, mais ils restent très puissants. (2) Le Congrès a un vrai droit de regard, de contrôle, de décision. Lorsque les Américains élisent leur président, ils n'élisent qu'un seul des deux termes de la dynamique politique. Là-bas, le pouvoir est véritablement partagé.

          Le président des Etats-Unis conserve malgré tout un rôle symbolique fort.

          Bien sûr, élire un homme de tel parti, de tel âge, blanc ou de couleur, ou encore choisir une femme, donne un sens à la façon dont les Américains se voient. Mais la fonction du président n'est pas de représenter le peuple dans sa diversité ou ses problématiques. Ca, c'est le rôle des élus des chambres de chaque Etat. Le président est seulement là pour garantir la Constitution et diriger l'exécutif. Il est chargé de mener une politique qui n'est pas forcément la sienne. On se doit donc de relativiser l'importance qu'accordent les citoyens américains à ces élections.

          (2) En outre, depuis les élections de mi-mandat en 2006, un retour en force du Congrès dans la vie politique américaine se dessine.

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